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Léon Celemencki

Fajga et ses enfants sur un banc

Léon Celemencki vit avec sa famille à Belfort, dans le nord-est de la France, en zone occupée depuis sa naissance en juin 1940. À l’aube du 12 juillet 1942, ses parents sont arrêtés à leur domicile. Sa mère est alors internée au camp de transit de Pithiviers avant d’être déportée puis tuée à Auschwitz (Pologne occupée). Du haut de ses deux ans, Léon ne garde presque pas de souvenirs de sa mère disparue. D’elle, il ne possède d’ailleurs que la photographie ci-dessous sur laquelle elle est joyeusement entourée de ses trois enfants.

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Ça, c’est ma mère, la voilà ici avec moi quand j’avais deux ans. Mon père était marchand forain, ma
mère était couturière. Ils avaient une vie, disons, relativement bien, on était confortable. Mes deux
sœurs allaient déjà à l’école maternelle et, moi, j’étais tout bébé. Puis la guerre a éclaté et Belfort était
occupé par les Allemands déjà en 1942. La police est venue chez nous et ils ont dit à ma mère : « Fais
une valise, prends-toi une valise, ramasse tes affaires, il faut que tu viennes avec nous au
commissariat. » Et mon père s’est impliqué là-dedans. Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas les détails,
mais apparemment mon père a dit : « Mais je connais très bien le commissaire de police de cette
ville ». C’était un client à mon père qui était commerçant. Et il m’a dit : « Je vais aller le voir, il doit y
avoir une erreur. Qu’est-ce qui se passe? Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui s’est passé ? » Et les
policiers n’ont rien voulu savoir et ils ont emmené ma mère au commissariat. Et mes deux sœurs m’ont
dit qu’elles se rappellent avoir vu ma mère au commissariat. Ils ont été le soir voir, avec mon père, ma
mère au commissariat. Et mon père nous a ramassés ce même soir et nous a amenés chez son
comptable pour nous cacher, il avait peur et il a dit : « On va placer les enfants ailleurs ». Et il est parti
et il a disparu de la situation, parce qu’il devait être arrêté également ou quelque chose comme ça. Elle
est partie de Belfort, elle a été transférée au camp de Pithiviers qui est à côté de Paris. Elle est restée, je
pense, deux jours dans ce camp et après ça, elle a été déportée directement à Auschwitz. Elle était
enceinte de 4 mois lorsqu’elle a été déportée. Évidemment, elle est partie directement dans une
chambre à gaz.

Leslie Vértes
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Leslie Vértes

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