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Sidney Zoltak

Une famille élargie

Souvenir d’un moment lointain, la photographie familiale ci-dessous est d’une grande valeur pour Sidney Zoltak. Prise en 1935 devant la maison de ses grands-parents, il est entouré de ceux-ci, d’une cousine, d’un oncle et de deux tantes. Ses grands-parents venaient alors tout juste d’en compléter la construction. Près d’un an plus tard, ils se voient forcés de la quitter en raison d’actes antisémites dirigés contre eux. La photo a été envoyée à un parent qui avait déjà quitté la Pologne et s’était établi à Montréal. C’est bien plus tard que Sidney la retrouvera.

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Cette photo a été prise en 1935 quand j’avais quatre ans. Je suis à côté de mon grand-père et de ma
grand-mère, qui vivaient dans un village à environ 20 kilomètres de ma ville natale de Siemiatycze. Ils avaient un magasin général et ont construit une nouvelle maison en 1934-1935. La photo a
été prise devant leur maison. Derrière, on peut voir les deux sœurs de ma mère et, à l’extrême droite,
l’oncle de ma mère qui habitait Varsovie à l’époque. La jeune fille, c’est une de mes cousines. Elle a été
emmenée à Treblinka en novembre 1942, dans les chambres à gaz, après la
liquidation de notre ghetto.
Cette photo m’est très précieuse. Un an après la construction, ils ont dû abandonner le magasin, la
maison et tout ce qu’ils avaient dans le village à cause des antisémites qui s’installaient devant le
magasin pour empêcher les gens d’acheter chez les Juifs. En 1936, ils ont dû tout laisser derrière eux
pour aller vivre dans la capitale de la Pologne, Varsovie.
Je suis le seul sur cette photo à être encore en vie aujourd’hui. Ma grand-mère a survécu à la guerre,
mais elle est morte en mars 1945. C’était après la libération, et elle est morte dans son sommeil. Son
mari, mon grand-père, a été assassiné par des gardes ukrainiens au moment où ils liquidaient le ghetto,
le 2 novembre 1942. Ma grand-mère et mon grand-père se sont enfuis du ghetto, ils sont passés par un
trou dans les barbelés. Quand ils se sont sentis fatigués, ils se sont couchés sur le sol. Des gardes
ukrainiens sont arrivés dans le fossé et ont tué tout le monde. Ma grand-mère a été blessée au bras, et
ils ont cru qu’elle était morte. Elle était immobile et elle saignait, alors ils l’ont laissée là. Mes deux
tantes à l’arrière ont survécu à la guerre. L’oncle de ma mère est resté à Varsovie et on a évidemment
perdu contact avec lui. On ignore comment il est mort.
Cette photo avait été envoyée à mon oncle et ma tante qui vivaient à Montréal. Ils avaient quitté la
Pologne dans les années 1920.

Ted Bolgar
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