Margrit Stenge
Le souvenir d’une vie cachée
En 1995, Margrit Stenge reprend la route de Buahaugen (Norvège), le petit village dans lequel elle s’est cachée avec sa famille pendant la guerre. Elle achète alors la reproduction ci-dessous. Cette petite cabane, appelée seter, était utilisée par les fermiers pour vivre pendant l'été. Même si la cabane ne correspond pas tout à fait à l’endroit où ils vivaient à l’époque, elle rappelle néanmoins les conditions très rudimentaires de leur cachette. C’est l’un des voisins d’été qui les aidera d’ailleurs en 1942 à quitter la Norvège pour la Suède.
Écouter l'histoire de la reproduction
C’est un petit trésor. Je l’ai acheté en me rendant à l’endroit où je passais mes étés durant la guerre. Je
n’y étais pas retournée depuis 1942. Quand je suis arrivée en Norvège, en 1995, j’ai vu ça dans une
boutique de souvenirs et je me suis dit : « Il faut que je l’achète. Ça me rappelle tellement cette
époque. » C’est une réplique d’un seter, un seter norvégien. C’étaient de petites cabanes dans lesquelles
les fermiers vivaient l’été. C’est au-dessus de la limite des arbres, et l’hiver, il y fait très froid, il n’y a rien
là-bas. On habitait dans un chalet, pas dans une de ces petites cabanes, mais c’était néanmoins très
primitif. Je me souviens que je transportais l’eau du ruisseau jusqu’à la maison, que mon père coupait
du bois, que je jouais à la poupée avec les filles du coin sur le gros rocher près du ruisseau. En 1942, un
jeune homme qui était notre voisin nous a dit qu’il était temps de quitter la Norvège. Il a promis de nous
aider à nous rendre en Suède, qui était un pays neutre. En janvier 1943, lui et un ami sont venus nous
chercher — pas à cet endroit, mais dans le village un peu plus bas où on passait l’hiver.
