Témoins de l'histoire Porteurs de mémoire
Témoins de l'histoire Porteurs de mémoire
Tous les objets
À propos
?
en

Daisy Gross

La poupée Tonicska

La poupée ci-dessous est bien plus qu’un simple jouet pour Daisy Gross. Fabriquée à sa naissance par Tonka, la domestique de la famille, la poupée vêtue d’un costume traditionnel slovaque répond au nom Tonicska, la petite Tonka. Lorsque ses parents l’envoient se cacher dans le village natal de Tonka en 1943, Daisy n’emporte que sa précieuse poupée avec elle. Amie, source de chaleur et réconfort depuis toujours, Tonicska est le seul lien qu’a Daisy avec son enfance ainsi qu’avec Tonka. Daisy est encore aujourd’hui en contact avec la famille de celle-ci.

Écouter l'histoire de la poupée

Lire la traduction Fermer la traduction

C’est une poupée que m’avait faite notre bonne. Cette femme était née en 1909, comme ma mère, et
elle venait du petit village de Szolcsány. Elle a commencé à travailler
pour ma mère en 1927. Je suis née en 1939. À l’époque, on ne savait pas d’avance si on allait avoir un
garçon ou une fille, et quand je suis née, sa mère et elle ont commencé à broder la robe et à fabriquer la
poupée. Elle s’appelait Antonia Nikodemova et on a nommé la poupée Tonicska. La poupée a été cousue
au village. Elles ont acheté une tête, des bras et une sorte de coton à fromage qu’elles ont rempli de foin
— et ça a tenu 60 ans!
C’est la seule chose qu’il me reste de chez moi — pas la seule, mais le reste, ce ne sont que de petits
trucs. Elle est demeurée avec moi pendant la guerre, pendant qu’on se cachait. Elle a été ma psychiatre,
ma psychologue, mon amie, ma sœur, ma mère, mon frère, tout ça. Je ressentais un amour
inconditionnel pour mes parents, mes grands-parents, cette femme qui a mis sa vie en péril pour moi et
cette poupée. Si elle pouvait parler, oh, mon Dieu! Toutes les douleurs et toutes les choses qu’elle
connaît!
En quelle langue lui parliez-vous?
Au début, en slovaque, jusqu’à ce que j’arrive en Hongrie. Après, je lui parlais en hongrois.
Qu’est-il arrivé à cette femme qui vous a sauvée et a fabriqué cette poupée?
Après la guerre, elle s’est mariée, mais n’a jamais eu d’enfant. Elle est restée en Tchécoslovaquie jusqu’à
sa mort en 1984. Sa mort m’a dévastée.
L’avez-vous revue après la guerre?
Oui, en 1951. J’avais un oncle exceptionnel qui l’a conduite en Hongrie pour qu’on se voie. Je l’ai
rencontrée alors et, plus tard, quand je vivais au Canada, je suis retournée la visiter. Je suis restée en
contact avec sa nièce, qui a été très bonne pour moi. Elle me considère comme un membre de sa famille
et se considère comme un membre de la mienne.

Dana Bell
Prochain Portrait
Dana Bell

Le portrait au manteau vert