Témoins de l'histoire Porteurs de mémoire
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Davy Trop

La discrimination placardée

Installée à Gand (Belgique), la famille de Davy Trop est propriétaire d’une usine de teintures chimiques. En novembre 1940, cette dernière est réquisitionnée. Tandis que le père y travaille jusqu’à son arrestation en septembre 1942, Davy et son frère se cachent sous de fausses identités pour échapper aux arrestations. À la Libération, la famille retrouve sa maison verrouillée et marquée du sceau des lois antijuives. Un voisin gardera d’ailleurs, pendant plusieurs décennies, la pancarte ci-dessous qui témoigne des épreuves vécues par la famille avant de la remettre à Davy.

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Lorsque, le jour de la Libération, le 6 septembre 1944, mon père est revenu à la maison, il l’a trouvée
entièrement vidée de tout ce qu’elle contenait. À la façade se trouvait cette petite affichette qui
indiquait que l’entreprise était une entreprise juive. Elle avait été fixée dès 1941 et laissée sur place,
même durant l’absence donc de toute activité. Et un voisin qui d’ailleurs était un des grands amis de
mes parents est venu à ce moment-là décrocher la petite affichette et l’a conservée pendant des
années alors que je l’ignorais totalement. Ce n’est que, il y a 7 ou 8 ans, que j’ai repris contact avec lui
et qu’il m’a confié qu’il avait encore cette petite affichette et qu’il me l’a remise à ce moment-là.
L’entreprise a été fondée par mon père en 1928. Il était arrivé en Belgique en 1926, sur l’invitation d’un
tanneur de façon à travailler dans ses laboratoires à lui. Mais, après un an, lorsque son contrat initial
est venu à échéance, il a décidé de fonder sa propre entreprise. Ce qui lui a pris quelques mois, le
temps de réunir certains capitaux et d’avoir des appuis. Il a donc démarré à ce moment-là une
entreprise de produits chimiques qui, essentiellement, fournissait des produits pour le tannage des
cuirs et également les colorants pour une industrie textile locale. L’entreprise comportait environ une
quarantaine d’employés, dont une dizaine travaillait à l’usine dans la fabrication des tanins, des
colorants. Et il y avait ensuite bien sûr les voyageurs de commerce, les employés à l’usine, ma mère
s’occupait de la comptabilité générale tandis que mon père s’occupait donc de l’approvisionnement et
supervisait également les laboratoires, etc.
Durant les premières années de l’Occupation jusqu’à l’arrestation de mon père en mars 1943,
donc la maison était occupée et les ateliers étaient réquisitionnés et continuaient à travailler.
Mon père n’en était plus le directeur, mais avait été obligé d’y travailler comme chimiste. Donc,
de faire à ce moment-là, les produits essentiels à la consommation locale et cela avec des
ouvriers nouvellement engagés.

Edgar Lion
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