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Elie Dawang

Le calot d’Auschwitz

Le calot de prisonnier ci-dessous qu’Elie Dawang conserve avec soin est celui que son père a reçu à son arrivée à Auschwitz (Pologne occupée). Témoin du parcours de son père dans les camps, le chapeau incarne également toutes les épreuves vécues par la famille. Tous deux en sont les seuls survivants. Lorsqu’ils se retrouvent quelques mois après, à l’automne 1945, le père d’Élie lui raconte ce qu’il a vécu et dans quel contexte il a reçu son calot. Cette histoire Élie l’a ensuite partagée à ses enfants.

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C’est ce que portait mon papa quand il a été déporté dans les camps : Auschwitz, Varsovie et Dachau.
Lorsqu’il est arrivé à Auschwitz, on lui a donné un uniforme de forçat avec ces habits rayés, etc. Et l’une
de ces choses qu’on lui a données pour porter, c’était son chapeau et il l’a gardé. Et je me rappelle très
bien lorsque Papa est revenu à Paris au mois de mai 1945, un peu plus tard, il m’a raconté toute son
histoire. Qu’est-ce que c’était, son expérience dans les camps, et puis, il m’a montré son chapeau.
Pour moi, c’est quelque chose, c’est presque un objet sacré, ça représente pour moi tout ce qui s’est
passé pendant la guerre. Avec ma maman qui elle aussi a été déportée, en février 1943, elle n’est pas
revenue. Et aussi tout le restant de ma famille. Mon papa a fait des recherches après la guerre pour
savoir si des membres de sa famille avaient survécu à l’Holocauste et puis il n’a trouvé personne. Alors
pour moi, c’est quelque chose qui représente toute la tragédie, tout ce qui s’est passé pendant la
guerre. En même temps, moi j’étais un enfant caché et c’est presque une chance que je suis encore
vivant et que je peux pour vous raconter cette histoire.
Lorsque mon papa est mort en 1990, ma femme et moi, Berta, nous avons nettoyé, nous avons nettoyé
son appartement, là où il habitait et dans un des tiroirs, je ne me rappelle plus si c’est dans l’un des
tiroirs ou dans une armoire, nous avons retrouvé ce chapeau que bien entendu, nous avons, je l’ai
gardé précieusement. Et lorsqu’un peu plus tard, je l’espère beaucoup plus tard, je ne serai plus ici, ce
seront mes enfants, mon fils Howard et Steven, qui vont décider quoi faire avec ce chapeau. Ils m’ont
dit qu’ils voulaient le garder. Ils connaissaient leur grand-père, bien entendu, et pour eux c’est un objet
qui est très, très important. C’est spécial, une chose dans la famille qu’on va garder pour le restant de
nos jours.

Ernest Ehrmann
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Ernest Ehrmann

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