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Liselotte Ivry

Liselotte et Hans

Liselotte Ivry se souvient encore des détails qui entourent la photographie ci-dessous, prise avec son frère Hans vers 1930 chez un fermier à Listany (République tchèque). Un bosquet de lilas, un collier rouge et une robe de velours brun rehaussée de fils dorés donnent le ton. Cette image d’enfance fait partie d’un album de rares portraits de la famille disparue que son oncle a conservé avec soin tout au long de sa vie. À son décès, Liselotte en est devenue la gardienne.

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C’est mon frère et moi. Il a de jolis cheveux blonds. Savez-vous où a été prise la photo? Oui. Dans la cour d’un fermier du village de… en allemand, on dit Lichtenstein, et en tchèque, c’est Listany (aujourd’hui en République tchèque). C’était en Bohême occidentale. Et ça, ce sont des lilas. Qui a pris la photo? Je ne sais pas. Mais je sais que le collier était de perles rouges. Et que la robe était de velours brun avec de petits trucs dorés ici. Racontez-moi ce qui est arrivé à votre mère et à votre frère. Est-ce que vous avez tous été déportés ensemble à Theresienstadt? Non. Ma mère… mon frère est allé avec elle, il ne voulait pas qu’elle parte seule. Ils sont donc partis avant vous? Oui, un mois plus tôt. Les avez-vous rencontrés dans le camp? Oui. Ma mère travaillait dans un hôpital, et moi aussi, mais pas dans le même. Mon frère, lui, il fabriquait des objets de bois, c’était son travail. Puis ma mère a été appelée pour être déportée vers l’est. Mon frère est venu en pleine nuit me dire qu’il pensait y aller avec elle. Il est donc parti avec elle pour Auschwitz. Et moi, on m’y a emmenée plus tard. J’y ai cherché ma mère et je l’ai trouvée. Elle n’était pas en bonne santé. Elle est morte le 4 janvier. Après, je suis allée voir mon frère et je lui ai dit que notre mère était morte. Il s’est détourné et s’est éloigné de moi. Ensuite, il y a eu la déportation de mars, dont a fait partie mon frère. Ils ont assassiné tous ceux qui en faisaient partie. C’était le 7 mars. Comment avez-vous eu ces photos? Par mon oncle. Il les avait gardées. Il allait seulement dans un camp de travail, parce que sa femme n’était pas juive. Il a donc pu rester chez lui et se rendre au travail. Et il a survécu. Quand mon fils a eu six ans, j’ai décidé de l’emmener en Europe. On est allés à Salzburg, où mon oncle et ma tante passaient l’été. Peu de temps après que je suis rentrée chez moi, mon oncle est décédé. L’avocat m’a appelée pour m’annoncer qu’il était mort et qu’il y avait de l’argent. J’ai dit : « Je n’en veux pas. La seule chose que je veux, c’est l’album avec les photos. C’est tout. » Il m’a répondu : « D’accord. Envoyez-moi dix dollars, et je vais vous faire parvenir l’album. » C’est comme ça que je l’ai eu.

 

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